Serigne Mouhamadou Fadel Mbacké, né le 27 juin 1888 à Darou Salam et disparait le 6 août 1968 à Touba, est un dignitaire religieux musulman sénégalais. Il est le deuxième calife des mourides de 1945 jusqu'à 1968.
Tout en cet homme exceptionnel que nous appelons affectueusement et respectueusement Serigne Fallou ou El Hadji Fallou, porte les signes d’une sainteté incontestable. D’abord sa naissance qui eut lieu en 1888 à Darou Salam, exactement la vingt septième nuit du mois lunaire de Rajab. (ndeyi koor dans le calendrier local). C’est la date anniversaire du voyage nocturne du Prophète (en compagnie de l’Ange Gabriel) dont il ramena le rituel des cinq prières, si fondamental en Islam. Le Magal du Kazu Rajab qui marque son anniversaire est un événement très connu, où se pressent des centaines de milliers de talibés fervents. Ensuite il faut noter la réaction du Cheikh quand il fut informé de cette naissance. Il aurait alors vivement exprimé sa gratitude à Dieu en concluant que si ce nouveau né n’était pas apparu dans sa famille, il se serait mis à sa recherche pour aller le retrouver, où qu’il puisse être. Enfin il faut ajouter le pèlerinage qu’il accomplit à la Mecque. Les circonstances de ce séjour en terre arabe furent telles qu’il eut beaucoup de peine à rentrer à TOUBA : les gens de la Mecque ne voulaient plus s’en séparer, ayant découvert en lui une érudition et une sainteté exceptionnelles. Déjà, tout enfant, Serigne Fallou avait commencé à se signaler comme un être d’exception.
Sa mère Soxna Awa BOUSSO appartient à une famille d’érudits qui a donné plusieurs imams à TOUBA. C’est avec une aisance surprenante que dès l’âge de huit ans, il se mit à l’apprentissage du Coran, sous la férule de Serigne Ndame Abdourahmane LO au daara dénommé ‘âlimun Xabîr, à environ cinq kilomètres de Touba. Son oncle paternel Serigne Mame Mor Diarra lui servit de professeur dans l’étude de la Théologie. Sa formation dans les Sciences Religieuses fut complétée par le Cheikh lui-même, à son retour d’exil. Précisons qu’une bonne partie de cette formation eut lieu en Mauritanie, à Saout El Maa (Khomack), où le Cheikh avait été déporté et où le rejoignit Serigne Fallou en compagnie de Serigne Mamadou Moustapha et de Serigne Mor Rokhaya BOUSSO.
Aujourd’hui encore la vaste érudition de Serigne Fallou en arabe est évoquée avec admiration, de même que ses talents de poète et de calligraphe hors pair. Il est crédité d’une quarantaine de copies du texte sacré, dont vingt huit ont été directement offertes au Cheikh sous forme de don pieux (adiya). D’ailleurs c’est avec la même émotion qu’on évoque encore sa grande maîtrise de ce texte à la lecture duquel il consacrait le plus clair de son temps. Cela n’est pas surprenant quand on sait qu’il a appris à maîtriser l’art du Tajwid auprès de Serigne Mame Mor Diarra, d’abord et de Serigne Mame Thierno Birahim MBACKE un autre frère de son père.
Un autre fait marquant de sa personnalité est son incommensurable dévotion, sa soumission inconditionnelle au Cheikh qu’il était loin de considérer comme un père mais plutôt comme son guide spirituel, son Maître. Pour comprendre cet attachement, cette soumission quasi indescriptible, rappelons un événement qui eut lieu à Khomack. Un matin, le Cheikh tint à son auditoire un discours qui peut se résumer ainsi : " Je ne suis ni le père, ni le frère, ni l’oncle d’aucun d’entre vous. Je suis une créature vouée au service exclusif de Dieu. Ceux d’entre vous qui auront choisi de m’accompagner sur ce chemin que j’ai réhabilité, ceux-là sont mes fils, neveux, frères et talibés . " Serigne Fallou et ses frères firent aussitôt acte d’allégeance et, les quatre ans que dura le séjour mauritanien, ils redoublèrent d’ardeur dans leur apprentissage religieux, selon les règles établies par le Cheikh. Cet événement fut la source d’un poème que Serigne Fallou dédia à son Maître et dans lequel on peut notamment lire :" Notre espoir est en Toi, Toi qui nous as ouvert les portes de la félicité. Je Te vends mon rang de fils pour acquérir la gloire d’être Ton talibé. Et quand Tu m’auras donné cette gloire, je Te demanderais de bien vouloir l’accepter comme don pieux . "